Sunday, October 30, 2005

Formation et intégration
Carrefour de la diversité
Vendredi 28 octobre 2005, CNIT La Défense

Le hasard fait parfois bien les choses. C'est par hasard, que j'avais renconté le Président d'Africagora, deux fois et la troisième, j'étais chez lui dans sa structure, le Carrefour de la diversité. A mon habitude j'avais peu préparé, ne connaissant pas la typologie du public et j'ai bien fait car ce que j'avais préparé n'était pas correctement ciblé. La réunion avec la presse m'a permis d'affiner mon discours. C'était ma préparation à ma présentation plénière.

Après une brève présentation.
La formation c'est l'intégration. Former, c'est mettre en forme. Intégrer.
Mais plus largement la formation continue qui naît dans sa philosophie contemporaine avec la révolution française et la position de Condorcet en 1792 n'avait qu'un objectif, lutter contre les inégalités. La formation, c'est donc intégrer pour lutter contre les inégalités de toutes sortes. Aujourd'hui, nous dirions que l'objectif est d'intégrer pour favoriser la performance.

Or aujoud'hui, il existe un environnement particulier à cette démarche. Le choc démographique devrait globalement toucher la France dès 2006, suivant les secteurs la situation donnait déjà ce phénomène, on pense à la restauration, l'automobile, le BTP,... 2006 tout le monde sera dans cette situation. La pénurie de main d'oeuvre est à nos portes. 35 000 cadres devraient nous faire défaut dès 2006, selon les Agefos PME. L'entreprise va s'adapter. Le recrutement va continuer sa métamorphose, on ne parle plus autant de diplômes que de compétences. Et c'est le Medef en 2002 qui lance "Objectif compétences". Hasard ? Non, adaptabilité. Le modèle de recrutement lié à un recrutement de masse, recrutement en batterie, laisse place faute de candidat à un recrutement personnalisé. Les critères s'assouplissent. On ne parle plus de références mais de compétences. Tout le monde peut avoir sa chance. Ma vision du monde marchand me conduit à penser que cela n'est pas du seulement à la volonté humaniste des cabinets mais aussi et surtout à un besoin lié à la pénurie. Les entreprises recrutent différemment et elles essaient de garder les collaborateurs qu'elles ont déjà, on parle même de marketing social pour créer une fidélité à l'employeur. Le collaborateur devient un "trésor" comme l'annoncait Jacques Delors, même si ce n'est pas pour les même raisons. Il faut le garder mais encore faut-il répondre aux exigences de performance du marché, et là la formation prend tout son sens. Former pour adapter, la ressource humaine que nous avons. La formation qui est le service après vente du recrutement, devient un échelon essentiel de l'intégration des individus aux besoins du marché. Sans faire de raccourcis trop brutaux, si le recrutement pour certains postes rêvait du profil sans "différenciation visible", faute de combattants il se tournera vers d'autres types de profils. Et l'entreprise comme à son habitude intégrera la diversité dans son fonctionnement. Ce qui est bien c'est que la démographie est prévisible à 10, 20 ans. C'est structurel. Le Carrefour de la diversité s'inscrit dans une démarche dans la longueur. C'est donc un outil intelligent pour aider à prendre conscience de cette évolution sociétale.

Un second point est la réforme de la formation, qui introduit pour les mêmes raisons la dimension personnelle. On parle de Droit Individuel à la Formation, de Passeport individuel,... On a vu pourquoi, j'aimerai rajouter que le co investissement est un outil pour aider à la motivation des collaborateurs. Au lieu de recevoir des injonctions Top Down, ils vont devenir, en tout cas sur le papier, des acteurs de leur entreprise. Non pas comme les combants d'une entité collective mais comme des acheteurs qui construisent leurs compétences. Et le renversement du marché de l'emploi, à terme va corroborer cette tendance. Pour impliquer les salariés, on s'adresse à leur aspiration, à leur personne, si l'on peut dire. Ce qu'ils sont. Et en respectant ce qu'ils sont, la diversité prendra une place naturelle. C'est tout l'enjeu de l'apprenance.
On va vers l'intégration, la formation en est un outils, reste à faire le plus dure : changer les mentalités. Ce n'est pas tant les bons sentiments qui feront leur oeuvre que la nécessité économique. Quel que soit l'échéance, une réunion comme le Carrefour de la diversité est une contribution forte à cette prise de conscience, j'en remercie sincèrement son Président pour m'avoir invité à lui fournir une modeste contribution.

1 Comments:

Blogger Mathieu Villerot said...

La Charte de la Diversité oblige les entreprises signataires à sensibiliser et former leurs dirigeants et collaborateurs impliqués dans le recrutement, la formation et la gestion des carrières aux enjeux de la non–discrimination et de la diversité.

Il est très intéressant de développer ces thèmes en entreprise. Pour l'avoir expérimenté lors de la mise en place d'une formation recrutement, j'ai remarqué que la première chose qui venait à l'esprit des collaborateurs était la discrimination vis-à-vis des "minorités visibles". Il faut lutter contre la discrimination de cette catégorie de collaborateurs mais il faut aussi rappeler que le terme « diversité » recouvre beaucoup d'autres catégories de l'entreprise : les femmes, les jeunes, les seniors, les diplômés de telle ou telle Ecole, etc.

La diversité est un thème d'actualité pour les entreprises qui se veulent "socialement responsables", cependant ont-elles réellement le choix ? La pénurie de main d'oeuvre guète de nombreux secteurs d'activités et, comme vous le rappelez, ce n'est pas tant les bons sentiments qui feront leur oeuvre que la nécessité économique.

Mathieu Villerot
http://www.monbloog.net/blog/rh

1:48 PM  

Post a Comment

<< Home