Sunday, December 04, 2005

L'apprentissage, une formation d'avenir ?
Cité des sciences de la Vilette, lundi 28 novembre 2005
A faire trop de conférences, on a d'agréables surprises. J'ai rencontré Jean-Marie Dusseigneur, en le prenant pour l'organisateur d'une autre conférence. Le contact était fait... et le temps que je m'aperçoive de mon erreur, j'avais déjà trouvé quelqu'un qui m'a plu. La chance des rencontres, j'étais engagé dans l'aventure. L'apprentissage avec le ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, et le PDG de Schneider, Henri Lachmann, c'est déjà une belle affiche et en plus cela m'a permis de rencontrer la DRH de Monoprix Catherine Bjunbushian, une entreprise qui a mon affection. Que du bonheur... Enfin, sauf mon arrivée... en retard.
L'apprentissage en France est peu développé surtout si on le compare 350 000 en France 1 800 000 en Allemagne. Comment expliquer cette situation ? Selon la thèse de Claude Jean Padroni, l'origine viendrait de "l'enseignement initial des techniques" qui regroupait les inadaptés de l'éducation nationale ; et l'apprentissage était une inovation pédagogique pour personnel difficile. Difficile après de construire la fameuse "voie de l'excellence". Alors qu'est-ce qu'il y a de nouveau ? Deux choses, l'apprentissage est ouvert au niveau 1 et les grandes écoles proposent des cursus d'apprentissage. Devenir ingénieur par apprentissage, voilà qui peut donner de la valeur à la filière, même si aujourd'hui encore 85 % de apprentis le sont pour des niveaux CAP BEP. La filière d'excellence prend du sens. Et, deuxièment, le choc démographique se traduit par des besoins nouveaux. En 2006, il manquerait, selon les Agefos PME, 35 000 emplois de niveau 1. S'ils ne sont pas là, il faudra les former et comme ils sont en poste, l'apprentissage est une solution adaptée.
Jean-Louis Borloo présente un argument intéressant : un apprentissage post baccalauréat jusqu'au niveau 1, cela se traduit par un avantage comparatif signigicatif par rapport à une filière classique : pour un même poste de niveau 1, l'apprenti se présente avec 5 années d'expériences. C'est une sacrée différence. Mais surtout, l'apprentissage c'est une façon d'apprendre ce qui est le plus difficile le savoir être. Et, pour cette acquisition le meilleur moyen reste encore la pratique. Et plus tôt on acquière ces automatismes, plus ils seront ancrés durablement. Cela évite les comportements "autistes", là l'apprenti a une expérience et la possibilité de la partager avec le corps enseignants et/ou le maître de stage. C'est ce que l'on appelle l'intelligence relationnelle. Quel gain de temps que de partir avec cet acquis que tant d'entreprises essayent par la suite de réacquérir à des âges ou les acquisitions de comportement ne sont plus les mêmes. Le Ministre pouvait alors parler de "deux coups d'avance" pour les apprentis.
L'apprentissage devient un passage important pour les entreprises soit pour devenir des "entreprises citoyennes" soit, ce qui est plus intéressé pour favoriser des "formations recrutantes" . La pénurie de main d'oeuvre généralisée va se traduire à partir de 2006, par la création de filières métiers dans l'espoir de trouver un vivier. Mais les désillusions peuvent être grandes : Monoprix qui a des résultats comparativement de bonne qualité sur des filières métier très intéressantes, ne garde que 37 % de ces apprentis. Eu égard au temps passé, ne garder qu'un tiers des apprentis, cela vaut-il l'investissement ? Avec la pénurie pour les entreprises assurément, oui.
Quels sont les freins ?
Si l'on interroge les responsables de formation, la première réponse est la méconnaissance des systèmes d'apprentissage. Pour certains publics d'entreprise, l'apprentissage fait partie de la culture pour d'autres non. Comme le ministre se lance dans une campagne de communication avec Henri Lachmann comme animateur, ce point devrait rapidement faire partie du passé. Le second point est plus complexe, l'éducation nationale est un mastaudonte. "Ils n'ont pas le même temps que nous". Et c'est vrai ? L'éducation nationale a une évolution : intégrer l'entreprise dans la création des nouveaux métiers et utiliser sa compétence pédagogique pour construire une pédagogie particulière. C'est plus long, c'est culturel. A suivre...
Restait un sujet d'actualité l'apprentissage à 14 ans qui fut à peine abordé ? C'est une bonne question, pourquoi ne pas autoriser l'apprentissage pour des enfants en echec scolaire. Avec le même raisonnement, pourquoi pas 12 ans voire 10 ans ? On sent la gêne... l'argument vaut quelque soit la date. Au début du 20ième siècle, les enfants travaillaient dès 5 ans. Il faut garder en mémoire que le fait de repousser la date d'entrée dans le monde professionnel a été une avancée sociale forte. Et la lever n'est pas innocent et parler simplement d'efficacité, c'est faire peut de cas de l'histoire sociale de la France. L'école a quel objectif ? Alain Finkielkraut précisait que "l'objectif de la formation est la formation" et non l'efficacité du monde du travail. Le bon sens populaire précisait qu'il fallait mieux une tête bien faite qu'une tête bien pleine. Le débat est ouvert... et pour le compléter comment choisir à 14 ans ? Il y a sans doute une voie nouvelle a créer avec des passerelles plus fortes entre l'apprentissag et les formations classiques. En conclusion, une bonne question qui se traduit par plus d'apprentissage mais dans une véritable filière d'excelence.
Tout un chantier qui sort du ghéto de l'apprentissage pour construire un véritable outils d'acquisition des connaissance tout au long de la vie.

1 Comments:

Blogger céline said...

votre article est vraiment très intéressant et très juste

1:52 PM  

Post a Comment

<< Home